Dimitri Sautereau est architecte dans l’Agence Archi-Consult spécialisée dans la construction et rénovation de logement individuel et collectif. Il nous fait part de son retour d’expérience et de ses réflexions sur l’avènement de normes environnementales dans la construction et comment il conçoit la collaboration entre Architectes et Bureaux d’études thermiques.

Pouvez-vous nous décrire votre activité d’architecte ?

Dimitri SautereauJ’ai fait mes études à Paris à l’ENSAA de la Villette et j’ai préparé mon diplôme dans le cadre des Pôles Architecture Environnement et Développement Durable. Cela fait maintenant 4 ans que je fais partie de l’agence Archi-Consult. Notre spécialité est la maison individuelle dans les lieux au patrimoine historique protégé (Ouest IDF). Entre autre, nous travaillons beaucoup sur la décoration de façade de bâtiments protégés bien que nous essayons toujours d’intégrer les dernières technologies de matériaux performants. Nous considérons d’ailleurs la RT2012 comme un moteur stimulant d’architecture respectueuse de l’environnement.

Comment la RT2012 a-t-elle impacté votre activité ?

La RT2012 nous oblige à changer notre façon de fonctionner parce que nous devons aller beaucoup plus loin dans les descriptifs de travaux et nous sommes obligés de sensibiliser nos clients au exigences de moyens et de résultats de la RT2012.

Quant à l’impact économique, elle est arrivée peut-être un peu trop violemment en cette période de crise dans le secteur du bâtiment. En fait je pense qu’on a un peu mis la charrue avant les bœufs car on aurait peut-être dû nous sensibiliser avant d’imposer des normes. J’ai l’impression que les acteurs du bâtiment, que ce soit les architectes, les constructeurs, les artisans ou le maîtres d’ouvrage, ne sont pas encore prêts et que nous sommes encore trop dans l’improvisation. Je pense par exemple au flou artistique qui a régné autour de l’étanchéité à l’air sur les extensions (NDLR : Réglé depuis par l’Etat). Du coup, je me suis retrouvé coincé sur un projet sans savoir si je devais revoir l’étanchéité seulement de la nouvelle surface ou de la totalité de la pièce existante. Comment voulez-vous que les gens comprennent le dispositif si l’Etat lui-même ne donne pas de réponses précises ?

Voyez-vous des contradictions entre les objectifs de l’architecte et du thermicien ?

Je suis pour une architecture durable, domaine que j’ai moi-même étudié, car tout cela va dans le bon sens en améliorant la performance énergétique et en respectant l’environnement. Toutefois, je crains que la focalisation sur les normes environnementales se fasse au détriment de paramètres auxquels les architectes et les particuliers sont tout aussi attachés. Car, qu’on le veuille ou non, ces normes limitent les possibilités de libertés architecturales en imposant une certaine orientation du bâti, en obligeant les ménages les plus modestes à réduire leur surface habitable pour rentrer dans leur budget. Cela entraîne un risque sérieux de standardisation du logement comme dans les pays Anglo-Saxons. Or, en France, nous n’avons pas cette culture de l’eco-quartier standardisé et du vivre-ensemble. Nous sommes adeptes du vivre-individuel et attachés à la diversité de notre architecture et de l’esthétique du patrimoine.

Je me méfie notamment des conséquences à long-terme du développement des eco-quartiers comme à Malmö en Suède où le retour d’expérience est très mitigé. En effet, on a réalisé a posteriori que le prix élevé de l’immobilier dans ces quartiers n’a profité qu’aux classes moyennes et aisées et a mis sur le pas les classes populaires qui habitent des quartiers défavorisés frontaliers. Je serais embêté d’entendre dans 50 ans que les eco-quartiers des années 2010/2020 aient reproduit la ségrégation spatiale des années 70.

Les solutions ne sont pas uniques, on peut imaginer un nouveau pacte de solidarité territoriale entre les eco-quartiers fournisseurs d’énergie et les autres quartiers plus difficiles à rénover ou faire en sorte que les eco-quartiers garde un minimum de mixité sociale.

C’est notre rôle d’architecte de soulever les points clés de l’habitat en ville comme la mixité sociale et l’esthétique des paysages qui impactent aussi le bien-être général de façon significative. Il faut trouver les bons compromis et ne pas trop pencher la balance que d’un seul côté.

Avez-vous déjà été confronté à la non-conformité de l’un de vos projets ?

Non, car j’ai justement été aidé par mon bureau d’étude thermique, ce qui a permis de faire passer le projet. J’ai en revanche eu des problèmes avec l’Architecte des Bâtiments de France (ABF), garant de la continuité du patrimoine historique. Il trouvait deux extensions que j’avais conçues trop modernes et trop grandes. J’ai dû lui expliquer que la réglementation thermique impose des contraintes comme un minimum de baies sur les nouvelles façades (1 sixième). Nous avons finalement trouvé un compromis ensemble.

A la limite, l’Architecte des Bâtiments de France devrait être consulté avant le dépôt de permis de construire mais vous imaginez que cela apporterait une contrainte en plus pour le particulier et allongerait la phase de conception déjà assez longue.

La RT2012 est une nouvelle contrainte qui s’ajoute à des normes existantes déjà contraignantes comme les Plans d’Urbanisme Locaux, les bonus de COS, les avis de l’ABF et d’autres encore.

Comment avez-vous connu Sénova ?

J’ai connu Sénova car je reçois les articles techniques que vous écrivez sur la RT2012 pour la Mutuelle des Architectes de France et je me suis souvenu que j’avais le même prénom que le Président de l’entreprise (Ndlr : Dimitri) ! J’ai beaucoup apprécié la culture « start-up » de l’entreprise avec deux jeunes ingénieurs centraliens qui montent leur boîte. En plus, vous avez été les seuls à l’époque de l’entrée en vigueur de la RT2012 à savoir me conseiller sur les documents nécessaires au dépôt de permis de construire et comment on procède à une étude thermique. J’ai par la suite été très satisfait de notre collaboration, d’autant plus que nous avons pu concocter la meilleure formule pour mon projet parmi toutes celles que Sénova propose.

Quels sont les clés d’une bonne collaboration entre architecte et bureau d’étude thermique ?

Il est important que nos deux professions marchent main dans la main et qu’il y ait une bonne communication. De toute façon la machine de la performance environnementale est lancée, il faut donc que :

  • les architectes prennent en compte l’avis du BET sur les matériaux à utiliser et les différentes solutions techniques

  • les BET touchent le moins possible à la conception architecturale des projets pour trouver le meilleur compromis entre fonctionnalité, esthétique et énergétique.

Propos recueillis par Valentin Martinez

N’hésitez pas à faire appel à un bureau d’étude thermique fiable, réactif et compétent qui saura trouver les meilleures solutions techniques adaptées à votre projet pour réduire votre facture d’économie d’énergie tout en gardant le plaisir esthétique et les caractéristiques fonctionnelle de votre maison