M. François-Xavier Evellin est architecte dans l’Essonne. Il nous livre sans langue de bois les nouvelles contraintes qu’impose, selon lui, la RT2012 aux architectes. La collaboration active entre les bureaux d’étude thermique et les professionnels du bâtiment semble une des conditions clé du succès de cette révolution réglementaire.
François-Xavier Evellin et son chantier en cours d’immeubles collectifs (29 lots) à Chevreuse (78)
Pouvez-vous nous parler de votre parcours en quelques mots ?
J’ai un parcours assez classique – diplômé Architecte DPLG de l’Ecole des Beaux-arts de Paris – et une entrée active dans la vie professionnelle d’abord en cours d’étude puis de façon libérale dès le diplôme acquis. J’ai en effet monté mon agence en association avec deux confrères dès 1976. Notre marché de prédilection était alors le logement en Vallée de Chevreuse et l’hôtellerie (Chaîne Mercure, Climat de France et quelques clients de prestige). Puis le marché m’a orienté sur les bâtiments de bureaux/activité (Digital Equipment, FL Développement, SAREAS). Dans le même temps, j’ai élargi ma clientèle de logements vers des promoteurs institutionnels comme Bouygues, Nexity, Altarea-Cogedim. A ce jour, je m’intéresse davantage aux projets urbains plus régionaux et aux opérations d’aménagement global pour des communes ou des aménageurs, cette nouvelle activité venant naturellement renforcer mon rôle d’architecte.
Y avait-il une anticipation de la construction « basse consommation » dans l’hôtellerie ?
Oui forcément ! La gestion hôtelière s’est montrée très rigoureuse dès 1974, année du premier choc pétrolier. Chez Mercure par exemple, les convecteurs électriques étaient coupés par l’ouverture des fenêtres. La facture énergétique pesait déjà de façon significative sur le bilan des charges fixes. Par contre, les Maîtres d’Ouvrage étaient moins regardants sur la performance des vitrages, l’épaisseur des isolants ou encore les ponts thermiques. Il faut rappeler que les plans et les notes de calcul étaient faits à la main et que les bilans énergétiques n’étaient pas dans l’air du temps.
Depuis, les constructeurs sont devenus plus rigoureux sous la pression des exploitants et de la normalisation, de plus en plus contraignante. Petit à petit, le secteur hôtelier s’est vu réglementé et les architectes ont naturellement cherché à trouver les meilleures solutions pour construire à des prix abordables tout en limitant la facture énergétique, ce qui est toujours important pour le client.
La RT2012 est en vigueur depuis le 1er janvier 2013 pour la construction neuve. Qu’en pensez-vous ?
Elle est sûrement nécessaire mais, appliquée brutalement, elle apporte beaucoup de contraintes nouvelles et souvent contradictoires aux architectes. La règlementation impose par exemple une surface de baies vitrées au moins égale au sixième de la surface habitable du bâtiment sur les façades alors que, dans le même temps le législateur cherche le moyen de densifier l’habitat urbain. Cela devient compliqué à résoudre, par exemple, dans le cas de surélévation d’immeubles anciens avec de petits logements imbriqués en profondeur : comment placer le quota de percements règlementaires sur le peu de façade créée ?
La RT2012 entre également en contradiction avec d’autres règles préexistantes comme les Plans Locaux d’Urbanisme, et son application stricte peut conduire, parfois, à des situations rocambolesques ; certains maires m’ont déjà reproché en commission d’urbanisme de ne pas suffisamment orienter les bâtiments selon la règlementation thermique. Je leur ai répondu, avec humour pensais-je, que si l’on applique brutalement la RT 2012, on construit une ligne droite est-ouest et l’affaire est réglée ! Il faut tout de même rester réaliste…
Un autre jour, j’ai dû justifier à l’ABF (Architecte des Bâtiments de France), qui analysait un de mes projets, pourquoi je proposais autant de baies vitrées sur ma façade par application des normes imposées par la RT 2012. En fait, on aurait dû réglementer de façon progressive, et non de manière aussi brutale ! D’où l’importance de la mission pédagogique des bureaux d’étude thermique, dont le rôle est d’éduquer les particuliers et les professionnels aux modalités de la RT2012, et de trouver avec eux les meilleures compromis possibles.
Que pensez-vous des nouvelles filières et matériaux encouragés par la RT2012 ?
Je suis assez perplexe… J’ai notamment entendu des échos assez mitigés sur les installations avec pompe à chaleur. Il faut vraiment anticiper les besoins de chauffage du bâti pour éviter le sous-dimensionnement des équipements, au risque d’être obligé de recourir à un complément de chauffage (électrique ou gaz) en période de grand froid.
Par ailleurs, je ne comprends pas pourquoi encourager la construction de maison en bois en France. On essaie, me semble-t-il, de transposer des pratiques de pays nordiques ou nord-américains, et d’importer un mode de construction suédois ou canadien dans un climat méditerranéen… Et ca ne marche pas très bien ! Je me souviens d’un particulier qui avait construit sa maison en parement de sapin. Suite à la canicule, il s’est retrouvé avec des trous partout (chute des nœuds du bois) et a dû finalement recourir, à grand regret, à une isolation par l’extérieur ! Le problème est que nos entreprises n’ont pas, sauf peut-être en montagne, le savoir-faire de ce matériau. Il faut leur laisser le temps de s’adapter.
La situation est la même pour le solaire, qui marche très bien dans les pays à fort ensoleillement, mais en France ce n’est pas le cas partout. On constate d’ailleurs une forte réduction des subventions, et l’on sait bien pourquoi. Les panneaux sont très fragiles, rentables sur un très long terme et de plus ils sont produits à l’étranger. En subventionnant le solaire, l’Etat dépense beaucoup sans forcément créer d’emplois en France. C’est pourquoi, d’ailleurs, on cherche, aujourd’hui, à taxer le photovoltaïque chinois, mais vous imaginez bien que la Chine va répondre en taxant nos produits !
Vous n’êtes pas convaincu par les installations à pompe à chaleur. Vers quel équipement de chauffage se porte votre sensibilité propre ?
Ca dépend des situations et des programmes. En soi, le chauffage à gaz semble le plus rentable à ce jour et d’ailleurs encouragé par la RT 2012. Mais le gaz se stocke très mal, surtout en logement collectif, et est produit par des pays dont on devient de plus en plus dépendants. A l’inverse, l’énergie électrique est plus chère et plus énergivore, c’est la raison pour laquelle elle est mal notée dans la RT2012, mais c’est pourtant la plus pratique. Sa diffusion, dans un plancher chauffant par exemple, est bien plus rapide et contrôlable. Selon moi, on devrait favoriser la recherche sur les applications de l’électricité au chauffage des logements, d’autant plus que la France est avant tout producteur d’électricité.
Que pensez-vous des compteurs intelligents comme le boîtier Linky ?
J’y crois complètement, la domotique est un outil très complémentaire aux efforts énergétiques et de sécurité des usagers. Le développement des réseaux électrique équipés de systèmes intelligents est un élément fort du potentiel de l’énergie électrique.
Quelques mots sur votre collaboration avec Sénova ?
J’ai eu l’occasion de travailler avec Sénova sur quatre projets différents de logements collectifs. Grâce à Sénova et aux termes d’une collaboration efficace, j’ai indubitablement progressé dans la maîtrise de la RT 2012 et dans ses interprétations architecturales possibles. Je confirme que les bureaux d’étude thermique ont un rôle à jouer dès la conception des bâtiments, dans le développement des études et le suivi des projets, aux côtés des professionnels nouvellement tenus à l’obligation de résultat thermique. Sénova a, dans cet esprit, donné toute satisfaction et je ne doute pas que nous continuerons à travailler ensemble.
Quelle est la clé d’une bonne collaboration entre architectes et bureaux d’études thermique ?
Comme je viens de le dire, le bureau d’étude doit être disponible et réactif tout au long du projet, afin de permettre aux différentes parties de raisonner juste et de gagner du temps.
Un autre élément-clé de la réussite, c’est la confiance : on a encore aujourd’hui du mal à juger de la qualité et du prix d’une étude thermique. C’est bien normal car le secteur est en plein développement et sa structuration, nécessaire, doit répondre aux besoins pressants de la maîtrise d’ouvrage par rapport à la RT 2012. Avec Sénova, j’ai trouvé un partenaire fiable que je ne manque pas de conseiller à mes Maîtres d’Ouvrage.
Faites appel à un bureau d’étude thermique réactif et compétent qui saura accompagner votre projet en collaboration avec votre architecte pour allier l’esthétique, le fonctionnel à la performance énergétique.
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