L’habitat passif est né en Allemagne, autour de quelques chercheurs et du Passivhaus Institut. Concept relativement daté, il a pour l’instant peu de prise sur le marché français. Pourtant, il constitue l’avenir de la construction.

Qu’est-ce qu’une maison passive ?

Pour simplifier, on peut résumer le concept ainsi : un bâtiment passif (parfois appelé BEPAS) doit consommer le moins d’énergie possible, et à l’optimum, seule l’énergie du soleil, des équipements électroménagers et des occupants devrait suffire à chauffer la maison. En France, les maisons passives sont rares, et le projet d’établissement d’une règlementation et d’un label « passif » ne sera pas concrétisé avant 2020. Il n’y a donc pas de définition française officielle de l’habitat passif. En Europe, plusieurs organismes ont établi une définition et des exigences concernant l’habitat passif. Il faut donc se contenter des précisions apportées par ces labels. Les points communs que l’on peut dégager sont les suivants :

  • Les besoins de chauffage (sans prendre en compte l’ECS ou la consommation des auxiliaires) ne doivent pas excéder 15 kWhef/(m².an)
  • La consommation d’énergie totale, en comptabilisant la consommation des équipements électroménagers, doit être inférieure à 120 kWhep/(m².an)
  • Une très bonne étanchéité à l’air (inférieure à 0,6 h-1, selon la norme n50, soit 0,15 m3/(h.m²) environ selon la norme française).

Les grands principes de la construction passive

L’habitat passif est né de quelques grands principes. D’abord, l’idée de « murs passifs » renvoie à une isolation thermique et à une étanchéité à l’air excellentes. Tous les ponts thermiques doivent également être traités. Le but d’une isolation parfaite est d’éviter toute fuite de chaleur. Les apports solaires et les apports internes sont relativement faibles. La moindre perte est donc à proscrire.

Dans cette même optique, une ventilation double flux est indispensable car l’échangeur air/air permet de réduire de 90% les pertes d’énergie liées au renouvellement d’air. La ventilation double flux permet à la fois de renouveler l’air, de réguler la température et de ne pas assécher la maison.

Ensuite, une maison passive nécessite la captation passive de l’énergie solaire. Contrairement à la maison à énergie positive, le but n’est pas de produire de l’électricité grâce à des panneaux solaires ou autres. Ici, la captation s’effectue simplement par les matériaux du bâti : le soleil traverse les vitres et l’énergie est stockée par des murs à forte inertie thermique.

Une maison passive nécessite donc une grande surface vitrée orientée au Sud pour capter un maximum d’énergie solaire. Mais les fenêtres sont paradoxalement des points faibles de l’isolation (une fenêtre double vitrage sera 5 à 10 fois moins performante qu’un mur isolé). Pour limiter les pertes thermiques, le triple vitrage est donc souvent préféré.

Les parois lourdes (en béton ou en maçonnerie) sont appréciées pour leur inertie. Elles permettent de stocker l’énergie du soleil en journée et de restituer la chaleur le soir. L’inertie permet donc d’étaler les apports d’énergie tout au long de la journée. Cela a également un intérêt pour le confort d’été. La chaleur est conservée par les murs durant la journée et diffusée  pendant la nuit, lorsqu’il fait plus frais (avec une bonne ventilation, les surchauffes sont ainsi évitées). L’inertie permet donc de réguler la température de jour comme de nuit, été comme hiver.

Enfin, il faut réduire au maximum la consommation des équipements de chauffage et électroménagers pour assurer de faibles consommations en hiver et limiter la surchauffe en été.

Par rapport au bâtiment à énergie positive (BEPOS), qui devrait être aux fondements de la règlementation thermique 2020, la maison passive a un atout incontestable. En effet, le but du passif est de réduire la consommation au maximum, alors que l’objectif de l’énergie positive est de produire plus d’énergie qu’il n’en consomme, ce qui laisse libre cours à des dérives : par exemple, produire beaucoup d’électricité destinée à la revente grâce à des panneaux solaires et par ailleurs se chauffer au fioul.

Combien coûte une maison passive ?

En France, le coût de construction d’une maison passive est encore assez élevé, puisqu’il se situe autour de 1400€/m² (source : Le Moniteur.fr), contre 1038€/m² en moyenne en 2010 pour une maison individuelle neuve (selon le ministère de l’Ecologie). Cela est notamment dû au triple vitrage ainsi qu’à la présence de certains équipements tels que la VMC double-flux, plus chère qu’une VMC simple-flux. Mais au-delà de ces surcoûts liés au matériel, les dépenses supplémentaires sont également dues à la main-d’œuvre : peu d’entreprises savent construire en passif et acceptent un tel projet. Les spécialistes compétents se permettent donc parfois de sur-chiffrer leurs prestations. Le manque de formation est flagrant et doit être corrigé avant que le secteur puisse se développer.

Comment faire certifier votre maison ?

Les deux principaux labels pour les bâtiments passifs sont l’allemand Passivhaus et le suisse Minergie-P. Ils ont chacun différents niveaux de certification et des exigences particulières. En France, il faut passer par un organisme tel que Prestaterre pour Minergie et La Maison Passive France pour Passivhaus. Attention, le test est exigeant, les calculs sont complexes, et il est obligatoire de passer par une étude thermique précise du projet. Par ailleurs, ces labels ne sont pas réglementaires et ne permettent aucun avantage fiscal ou urbanistique.

Le fort retard que nous accumulons face aux Allemands ou aux Scandinaves montre à quel point des investissements dans ce domaine sont nécessaires. A Bruxelles, par exemple, tout bâtiment neuf devra respecter les normes de construction passive d’ici 2015 ! Mais, en ce qui concerne la France, il faut d’abord songer à la règlementation thermique 2012 qui s’appliquera à partir du 1er janvier 2013. De plus en plus de maîtres d’ouvrages anticipent cette date : qui voudrait d’une maison déjà dépassée à peine sortie de terre ? Cependant, parmi les mille façons de construire un logement à basse consommation, il s’agit de trouver celle qui convient à votre projet. C’est le rôle d’un bon bureau d’études thermiques, indépendant et objectif, de vous amener à faire des économies d’énergie en fonction de votre budget, de vos préférences, en respectant les normes et pour un confort optimal.